Le théâtre a toujours entretenu avec la vérité une relation d’exclusion et d’intégration, de dialogue en tension entre sa poétique et son éthique : au croisement de ces notions se joue surtout le travail réflexif du théâtre avec lui-même. C’est ainsi sur cette question essentielle que se sont noués nombre de recherches soit cherchant à singulariser l’acte théâtral, soit au contraire désireuses de la voir relier à d’autres pratiques artistiques. De la vérité comme critère esthétique à la vérité comme repoussoir formel, jusqu’à la vérité comme outil de questionnement à la fois du monde et de l’art, l’enjeu de cette relation permet d’envisager une histoire singulière du théâtre : celle qui articule sa théorie à sa pratique dans les feux croisés du monde. C’est en effet parce qu’elle fait de la poétique une exigence en regard du monde que la notion ne cesse d’être au cœur de la réflexion des théoriciens comme des praticiens, des critiques ou des écrivains.