Au moment des choix d’orientation des étudiants, la L3 de « Figures du pouvoir » se propose de traiter, de façon interdisciplinaire, le thème du travail. Le travail est une construction sociale. Le mot est largement polysémique et les usages sociaux du mot comme de sa polysémie sont à étudier pour comprendre en quoi ils expriment l’état de notre société et des rapports sociaux qui y ont cours (Marie-Anne Dujarier, 2021). Le travail peut ainsi être vu comme une activité, un processus de transformation, en lien avec les techniques mises en œuvre ; la production d’un ouvrage, un bien, un service, une production intellectuelle ; mais le plus souvent c’est le sens institutionnel, économique et juridique néolibéral qui prévaut, à travers la domination de la norme de l’emploi salarié. Ce modèle dominant du salariat structure nos façons de penser et de voir le travail. Or, on observe par exemple un décalage de cette forme d’institutionnalisation du travail avec les pratiques réelles actuelles (ex : youtubeurs, auto-production,…). On peut également y voir la subordination de la question écologique.
Les analyses de la polysémie du mot travail permettent d’observer des significations en tension : subordination, solidarité, activité, souffrance, exploitation, aliénation, émancipation utilité,… Ces tensions permettent de voir quelle est la fonction des mots dans la transformation des choses (Foucault, 1966). De plus, selon qui utilise les mots du travail, les valeurs portées ne seront pas les mêmes et pourront être source de conflit : autonomie, liberté, professionnalité, … En outre, on parlera de salariés ou de travailleurs au niveau des syndicats, de collaborateurs pour les employeurs, les acteurs des services de ressources humaines ; les ouvriers deviennent des opérateurs, …
Ces analyses sont nécessaires pour comprendre les rapports de force et de domination à l’œuvre et passent par la nécessité d’historiciser les mots du travail. C’est tout l’objet du S5 de FdP.