De la Weimarer Klassik à la République de Weimar: conflits, opinions, expérimentations (1871-1918).
Le réalisme poétique et les (nouveaux) médias :
Les décennies qui suivent la fondation de l’Empire allemand dans le sillage de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 correspondent à une époque de modernisation de la société allemande dans son ensemble. Dans le cadre du cours sur le réalisme poétique (aussi appelé réalisme bourgeois, ca. 1850-1890), on s’intéressera au versant médiatique de ces évolutions et à leurs conséquences sur la vie littéraire. Car l’essor des (nouveaux) médias – éditions bon marché, journaux, revues, mais aussi photographie, peinture, etc. – induit des transformations profondes dans les pratiques d’écriture et de lecture, qui touchent à la définition même de ce qu’est la littérature. Ces transformations concernent d’une part les modes de production et de réception des textes : confrontés à la concurrence de la littérature de divertissement, diffusée à travers les magazines ou les éditions populaires, les écrivains se voient obligés d’adopter de nouvelles stratégies de publication, qui répondent davantage à la demande du public et du marché. C’est le cas du roman de Theodor Fontane, Irrungen, Wirrungen, que nous étudierons : avant d’être édité à Leipzig, en 1888, le texte avait paru sous forme de feuilleton dans un grand quotidien berlinois. Nous nous demanderons dans quelle mesure le contexte de publication influe sur la forme, mais aussi le contenu de l’œuvre. D’autre part, l’invention et la démocratisation de la photographie ainsi que des procédés mécaniques de reproduction des images conduisent les écrivains du réalisme poétique à s’interroger sur les modes de représentation du réel dans la littérature. Ils opposent ainsi à la « réalité superficielle » saisie par les médias visuels l’idée d’une « réalité poétique » ou « idéale », que seul l’écrivain peut appréhender. L’étude du roman de Fontane permettra d’observer la mise en œuvre de ces principes esthétiques et leur réflexion à l’intérieur du texte littéraire.